Bon, dernier chapitre.
Le premier chapitre est ici ici.
On s’est laissés dans le chapitre 2 alors que nous venions de décoller pour le vol transatlantique vers Charles De Gaule. La météo annonçait une tempête sur toute la côte ouest de l’Europe, de l’Angleterre jusqu’au Portugal. Ouains, c’est çà, la France étant en plein milieu.
Une heure avant d’arriver, on vient à peine de se réveiller, et on entend la voix de « la cabine ».
« Bonjour mesdames et messieurs, ici le commandant. »
Moi je vais vous avouer que je commence à penser que, pour un gars qui est supposé être en train de prendre soin de quelques 300 passagers et d’un avion de plusieurs millions, il est pas mal occupé « her commandant » à nous jaser çà.
« Nous venons d’être informés que des vents violents balayent Paris. Nous attendons toujours la permission d’atterrir et il se pourrait que notre vol soit détourné vers Amsterdam. Soyez assurés que nous vous garderons informés de toute nouvelle importante ». Là, c’est loin d’être drôle. Compagne Extraordinaire et moi on adore voyager et voler ne nous fait pas peur. Mais là, ça dépasse le bon sens. On est tous les deux assez stressés, on regarde le dossier devant nous et si on priait encore, je suis sur qu’on se ferait aller le clapet big time.
Pis on a faim. Vous vous souvenez le vol-sans-bouffe sur lequel nous sommes. Je me commande un café et un verre d’eau, ma blonde fait pareil et on prend notre mal en patience.
« Bonjour mesdames et messieurs, ici le commandant. »
Le cibole de commandant de l’enfer…
« Je suis heureux de vous informer que nous venons de recevoir l’autorisation d’atterrir à Paris Charles de Gaule. Nous nous attendons à quelques turbulences j’ai donc demandé à ce que le service en cabine soit interrompu jusqu’à ce que nous soyons au sol »
Bon, c’est la que je vous fais mon commentaire éditorial.
Les Français, surtout ceux dans des fonctions officielles, sont pas capables de dire les choses simplement et avec vérité. Quand le commandant parle de « quelques turbulences » et que toi tu sais que les vents vont jusqu’à 120 km/h t’as juste le goût d’aller le frapper. Pis quand il te dit qu’il suspent le service « jusqu’à ce que nous soyons au sol », ben batince il te ment en pleine face parce que une fois à terre tout ce qu’ils veulent c’est que tu SORTES DE L’AVION cibole.
On amorce la descente pis j’vous jure que ça brasse. Savez un 747, ça poigne dans l’vent en taboire. Up and down and all around. À droite, à gauche. Le nez lève et basse. Moi quand je vole, j’ai une mesure infaillible pour savoir si on est dans le trouble. Je regarde le personnel. Si les membres du personnel sont souriant et se promènent, me I’m cool. Dans le cas du vol AF345, le personnel est assis, bien attaché sur leur siège et a le regard hagard et fixe en avant. Ça va pas bien, oh non oh non oh non.
Les turbulences ont été atroces pendant la descente, dans les nuages. Mais une fois les nuages percés – LA ÇA A BRASSÉÉÉÉÉÉÉÉÉ! Des vents tels qu’annoncés de 80 à 100 km/h avec « des points en rafale » (comme dirait Paul Arcand) à 120 km/h. Pis le pire c’est que nous avions maintenant des repères à terre. On pouvait voir les ailes monter et descendre et on entendait – pour vrai – le 747 craquer. J’vous jure que c’était pas le fun. On va s’écraser en France, sur la terre de nos aïeux pis on va être enterrés dans le cimetière des anciens combattants en Normandie.
On descend. Pis ça brasse, pis Compagne Extraordinaire et moi on fait comme le personnel de bord. On fixe le siège. Le commandant avait, de toute évidence, réussi son cours de mesures d’urgence parce qu’il a atterri de façon sécuritaire. Pour ceux d’entre vous qui ne savez pas ce que c’est que d’atterrir avec des vents latéraux, tu ne survoles pas la piste (de peur que le vent ne fasse toucher une aile par terre). Nenon, au lieu de glisser lentement vers l'atterrisage, dès que le 747 est au dessus de l’asphalte TU L’CRISSE À TERRE!!!! Je pense que ma colonne vertébrale a refoulé de quelques cm, pis à mon âge, c’est pas de même que tu veux refouler. Cibole que c’était dur.
Par la suite, capitaine Kangourou nous a ramenés à la gare, sous une pluie battante mais finalement, le reste s’est bien déroulé. Les bagages sont arrivés (les nôtres n’étaient toujours pas les premiers – évidemment), le bus d’Air France était là, et boni, un des arrêts à Paris est à quelques pas de notre hôtel.
À l'hôtel Cécilia (que je vous recommande) à Paris aucun problème. Des gens gentils, souriant et efficaces. Oh, à part un matin ou ma blonde a trouvé une demie mouche dans un croissant. Disons qu'on a pas cherché l'autre moitié mais elle a arrêté de manger drette là. Notre chambre donnait sur l’Arc de Triomphe comme nous l’avions demandé et même si la chambre était petite selon les normes américaines, elle était tout à fait correcte pour une chambre en France.
Je vous épargne la semaine somme toute correcte mais froide et pluvieuse. Savez le genre de température que, si vous étiez à la maison, ce serait des locations de films et des films en pyjamas … ben nous autres, on l’a passée à se promener. Mais on a découvert des places qu’on n’avait pas vues, entre autre la Basilique St-Denis pour laquelle j’ai trouvé une description conforme à notre opinion dans Wikipedia ici. Tout à fait fascinant comme endroit et comme histoire. En plus, nous avons eu la chance d’avoir une guide passionnée et super compétente. Une fascinante visite d’environ trois heures.
Bon, OK pour la semaine. Froid, humide, pluvieux et sombre. Par contre la conférence de Compagne Extraordinaire a été un succès (moi je ne suis pas surpris remarquez bien). Une petite semaine à Paris mais il faut bien partir. Samedi matin, journée de notre départ. Fait gros soleil et à peu prèes 12 degrés. Fait chier.
Notre vol de retour est à 13h15, arrivée prévue à Montréal vers 14h00 (heure locale évidemment). Pas trop pressés, on décide de prendre le bus d’Air France à 10h30 mais une fois bien installés dans le bus je demande à Compagne Extraordinaire si elle a les documents de voyage. Elle me regarde et me rappelle que c’est moi qui les a mis au coffre fort.
Ben tabar de cib de cr de câl …. C'est ben trop vrai...
Pendant que je me garoche à l’hôtel pour reprendre les passeports et mon portefeuille, elle demande au chauffeur de nous re-valider nos tickets de bus, (oui oui c'est ça, on est en France après tout et ce ne sont pas des billets d'autobus mais des tickets de bus) et fait sortir les valises du dessous du bus. Malheureusement, lorsque je reviens, le bus est parti et on attend le prochain qui part dans 30 minutes. OK on a le temps mais faudrait pas qu’il arrive autre chose.
11h00, on part. Rien à signaler, c’est samedi, pas de circulation, on arrive à Charles de Gaule à 11H45, des tonnes de temps devant nous. Arrivés à la pré-vérification (savez la place ou un agent s’assure que vous êtes bien dans la bonne ligne avec le bon transporteur???), on nous demande gentiment si nous voudrions nous porter volontaires avec compensation bien sûr, pour prendre le prochain vol. Moi ça me tente presque la compensation étant alléchante, mais on a hâte d’être à la maison. On refuse en les remerciant.
Je dis à Compagne Extraordinaire que j’aime pas ben ben ça. On arrive au comptoir et je vous cite la conversation :
Gentille agent d’Air France : (GAAF) «Madame, Monsieur, bonjour bienvenue à Charles de Gaule »
Je constate que la GAAF est accompagnée d’une chaperonne qui regarde ses moindre mouvements. De toute évidence, GAAF est en formation.
Nous (avec un sourire) : « Bonjour comment allez-vous? »
GAAF « Bien merciiiihhhhh » (c’est comme ça qui parlent les français officiels, ils traînent les dernières voyelles des mots.)
Elle prend nos papiers, tapote quelques touches sur son clavier et pointe l’écran à la chaperonne.
GAAF « Je crois que la AF21 s’applique ici car le 344 est over »
????
Ma blonde et moi on parle l’anglais ET le français mais pas le « aéroport » mais, vous comme moi, vous savez quand vous êtes dans l’trouble..pis là j’le sais. Big time. On ne sait juste pas quel genre de trouble auquel on fait face mais le poil nous lève sur les bras.
Chaperonne « Ouais, faudra faire un standby »
Ok that’s it… STANDBY nous on comprend ça mais on attend.
Là je vous épargne une conversation entre GAAF et Chaperonne mais ce qu’elles sont en train de faire c’est de préparer « la nouvelle »
GAAF « Est-ce que nous pouvons vous offrir de vous porter volontaire pour le prochain vol car votre vol est complet »
Nous « euhhh merci mais non, on veut être sur le vol pour lequel nous avons une confirmation ET UN SIÈGE…. »
GAAF « Je comprend mais il n’y a plus de siège de disponible sur le vol 344 »
Nous (disons Compagne Extraordinaire, la voix lève tout seul, évidemment) « Comment ça vous avez pas nos sièges… comment pouvez vous donner nos sièges à quelqu’un d’autre alors que nous avions des confirmations en bonne et due forme, que nos sièges étaient sélectionnés. C’est tout à fait inacceptable et on veut parler à quelqu’un en autorité, quelqu’un d’autre que le personnel de ce comptoir »
Chaperonne « Désolé madame il n’y a rien qu’on puisse faire et. Nous pouvons vous mettre sur la liste d’attente du vol de 16h00… »
Compagne Extraordinaire « Mais c’est n’importe quoi…. On n’acceptera pas d’être traité de cette façon … » et je fais ma part en me penchant sur le comptoir et je regarde GAAF dans les yeux et je souligne avec toute la hargne possible que je veux parler à quelqu’un en autorité. Je ne monte pas la voix mais je suis comme un bouc enragé. Je suis vissé à terre et je ne bougerai pas. « Non madame, nous ne serons pas en attente sur aucun vol. Je ne comprend pas qu’Air France puisse traiter ainsi des clients mais j’accepte que la situation est maintenant irréversible. Par contre, je peux vous assurer que nous serons assis, ensemble sur le prochain vol et que je ne quitterai ce comptoir que lorsque nous aurons nos sièges assignés, confirmés et une carte d’embarquement en poche ».
La chaperonne s’absente, la GAAF me regarde avec un petit sourire (pauvre fille elle n’était certainement pas responsable de la situation), et une petite sueur qui lui perle sur la lèvre supérieure. Pas de sa faute, mais quand la merde frappe le ventilo les amis, elle n’est pas distribuée ni au bon endroit, ni également. Elle était devant le ventilo, et j’avais la merde.
La chaperonne revient avec un superviseur (j’imagine). Il regarde l’écran, parle aux deux en « aéroportuaire » et nous dit: « Je suis heureux de vous confirmer que nous sommes en mesure de satisfaire à votre demande »
Nous « attendez monsieur, satisfaire à notre demande voudrait dire que nous sommes sur le vol pour lequel nous avons une confirmation. Être sur le prochain vol n’est pas satisfaire à notre demande »
Superviseur (avec une petit cibole de sourire à vous donner le goût de lui brocher les lèvres ensemble) « Je comprends monsieur, je parlais de votre récente demande d’être assis ensemble sur le prochain vol »
Boooooon. On nous donne les nouvelles cartes d’embarquement. On prend nos bagages, et on nous salut et souhaite un bon voyage. On nous donne aussi deux bons de 10 euros pour notre repas et on nous indique qu’il y a « tout plein de restos qui les acceptent » - continuez de lire, vous serez pas déçus.
Maudit que c’est compliqué.
Compagne Extraordinaire et moi cherchons donc un resto mais dans le terminal où on se trouve, il n’y a qu’un petit comptoir et on aimerait bien prendre un repas qui a de l’allure. On nous informe qu’il y a d’autres restos dans le terminal adjacent, on prend nos petites valises et on traverse.
Arrivés l’autre bord, on trouve un vrai resto (lire tables, chaises, serveurs, bières). On s’assoit et on attend. Cinq minutes plus tard le serveur passe nous voir et veut prendre notre commande.
Nous « Est-ce que nous pourrions avoir un menu s’il vous plaît? »
Serveur « Il y en a un là m’sieur dame » en pointant vers un tableau mais nous apporte un vrai menu pliant.
Ça fait une semaine qu’on est à Paris et c’est pas la première fois qu’on y va, on commence à savoir qu’il faut être très précis à Paris.
Compagne Extraordinaire souligne que nous avons des coupons de repas offerts par Air France et veut s’assurer que nous pouvons commander un repas du menu.
Serveur « Meuh non, le menu est ici » et il nous en donne un autre. Qu’est-ce qu’on peut commander? Pas grand-chose j’vous dit. On décide de se rendre à un autre comptoir lunch où on sert au moins de très bons sandwiches, faites sur place et des petits gâteaux. OK , on se prend deux sandwiches, et on partage.
On se promène un peu mais on décide de se rendre à la porte.
On arrive à la sécurité, il n’y a PERSONNE. Euhh attendez, non seulement il n’y a personne en ligne devant nous, ce qui est très intéressant, mais il n’y a personne à la sécurité. C’est plein d’agents derrière les vitres mais personne ne travaille. On nous indique d’aller « ici » puis une fois « ici » on nous pointe « là bas » mais une fois « là bas » on nous dit de retourner « ici ». Évidemment, à ce moment, la ligne derrière nous s’est allongée et est maintenant faite de gens de plus en plus mécontents et impatients.
Moi « Mais quel genre d’organisation avez-vous? La sécurité de Charles de Gaule qui ne travaille pas!!! » Une superviseure « en autorité » me dit « Monsieur du calme s’il vous plait, les agents ont terminé leur quart de travail »
!!!!!!!!
Quoi???? Ben voyons on est pas au sacrament de Zimbabwe. On est où exactement? Faut attendre que le prochain quart arrive?? Puis il commence quand exactement????
« D’une minute à l’autre monsieur, soyez patient monsieur »
La je m’enligne pour passer sans passer par la sécurité mais je me dis qu’ils vont m’arrêter et me mettre « en examen » comme on dit en France. Finalement, un agent arrive, et je met mon sac à dos dans la machine à rayon X et l’autre agent m’indique qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Et pour tout vous dire j’ai oublié c’était quoi mais je n’ai pas oublié sa réponse.
« Ça ira cette fois mais nous vous aurons à l’œil la prochaine fois »
Quel genre d’hostie d’gang de morons qu’ils ont engagés comme sécurité à Charles de Gaule!!! Je suis loin de me sentir en sécurité avec du monde de même.
Bon, c’est fait. On est assis dans la salle d’attente (oui cibole, une des choses qu’on a faites en voyage c’est attendre batince). Mais finalement on embarque. L’avion est parfait, le vol va bien, la bouffe est bonne (faut donner ça à Air France. Quand il y a de la bouffe dans l’avion, c’est bon), le vin tant qu’on veut, du temps pour un dodo et deux films. C’est correct.
On arrive à Montréal, les bagages sortent (vous l’avez deviné, les nôtres n’étaient pas en premier) mais pas trop loin… Dans quelques minutes on va être à la maison.
On s’enligne vers le stationnement. Fait froid et Compagne Extraordinaire veut activer son démarreur à distance mais, même si on voit l’auto, elle ne démarre pas. J’arrive à côté, je presse sur le bouton pour ouvrir la porte mais rien. « Ah non » que j’me dis, la batterie est à terre. « Mais ce serait trop cruel ». Mais effectivement, dans l’effervescence et le stress de la semaine précédente, nous avions oublié d’éteindre une petite lumière qui a fait son œuvre.
J’appelle le service de dépannage et 40$ plus tard, on part pour la maison. En chemin Compagne Extraordinaire me dit que c’est clair qu’on va arriver à la maison et que les gars vont avoir oublié de fermer l’eau du bain, que le chat va avoir été oublié dehors, que le feu de la cuisinière va être allumé.
Mais non. (Désolé de vous décevoir).
20h30, on arrive à la maison, le chat nous attend (en cibole après nous autres. Il est toujours choqué quand on part longtemps). La maison est chaude, le sofa invitant, la télé fonctionne. Compagne Extraordinaire et moi on s’écrase et on fixe la télé sans vraiment la regarder.
Je me relis et il me semble que l’histoire n’a absolument pas d’allure mais c’est exactement ce qui est arrivé, sans exagération.
Méchant voyage j’vous dit.
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